PASCALINE

Le matin s’éveillait avec indolence sur la campagne endormie. La nature avait du mal à ouvrir les yeux. Des nuages de brume enveloppaient ça et là le paysage à hauteur du sol, poussés par moments par un léger souffle de vent accompagné de crachin. Une petite grisaille qui accentuait l’impression d’isolement. Par une lucarne de la grange où nous avions passé la nuit, je contemplais un immense champ de maïs abandonné sur pieds. Il flottait à l’intérieur une agréable douceur humide. Je me sentais bien. La fin de l’été, le début de l’automne. J’ai toujours aimé cette saison ambiguë. Marcher sous la pluie fine, sentir les gouttelettes sur mon visage. La solitude, la paix.
Les premiers épis commençaient à environ deux cents mètres des bâtiments en bordure d’un terre-plein de terre battue semé de gravier et de quelques touffes d’herbes chenues et s’étendaient au loin en longeant le chemin du rang et sur la gauche une rangée d’arbres roux. Une voiture s’était immobilisé, là bas, phares allumés.
Je me suis dit : « probablement un écarté. »
Le corps nu enveloppé dans une couverture de laine qui me grattait la peau, je m’étais blotti contre le cadre de la fenêtre en bois brut et mon attention s’était portée sur une goutte d’eau qui descendait par petites coulées, le long de la vitre en frissonnant. Le bonheur est un léger murmure fugace qui nous caresse gentiment et qui s’enfuit dès qu’on a le dos tourné.
Par moments, j’inspirais longuement et profondément ce bonheur jusque dans mon âme comme si je pouvais faire des réserves, me purifier de toutes les vilenies, les traîtrises, les lâchetés. Je remplissais mes poumons de cet ensemble d’air humide, d’odeurs de renfermé et de foin vieilli, scrutant mon corps de profonds soupirs.
Nous avions fait l’amour pour la première fois dans un petit « tourist room » miteux de la rue Sherbrooke, situés en face de l’ancien Collège Sainte-Marie devenu un ensemble de condos pépères.Le couette et bibitte appartenait à une Française que protégeait un chien doberman inquiet qui faisait les cent pattes derrière le petit comptoir de la réception. Le quadrupède s’arrêtait, humait l’air de son long museau et repartait de plus belle. L’ancienne belle avait gardé un accent plus ou moins parisien teinté de quelques mots québécois prononcés à la française. Pas méchante la vieille, de beaux restes quoi. Un joli sourire avenant de vendeuse de culottes avec de belles dents saines un peu fortes de croqueuse de fortune. Si elle avait eu quelques années de moins je serais bien repassé pour la tringler sur son comptoir.
Je me suis dit : « C’est ça, la queue pour la pitounne et les couilles pour le pitou.»Je me souvenais que l’escalier bancal qui montait à l’étage était recouvert d’un tapis vert foncé de bonne qualité, épais et moelleux qui étouffait les craquements du bois des marches. La chambre était propre sans excès, le lit un peu éreinté. Quand elle avait entrepris de retirer ses vêtements, je l’avais retenue. « Laisses-moi faire.» Elle s’était plantée devant moi avec son petit air effronté. Elle était jeune et belle. En lui retirant son soutien gorge ses seins de belle taille, pleins et ronds avaient à peine esquissés une chute vers le bas. Je me suis dis : '' Sophie Marceau peut aller se remettre le sien''. Je lui ai fait l’amour avec beaucoup de plaisir, en abusant de sa jeunesse.
Je crois qu’il n’y a que les jeunes femmes sans beaucoup d’expérience qui ne négocient pas leur plaisir et le nôtre bien entendu. Un plaisir fait de timidité conquise et de l’effet qu’elle produit chez le mâle qui la prend avec fièvre. Peu à peu le plaisir charnel fait son chemin, les bouts des seins qu’on mordille, les fesses qu’on triture, la bouche qu’on envahit de sa langue, de son sexe qui bande, sa touffe qui mouille, tout son corps désire être caressé léché. Le pouvoir et le négoce viennent plus tard, après quelques amants, quelques déceptions. J’aime les jeunes filles. Après c’est plus pareil.La découverte de son corps, sa gêne, cette petite angoisse qu’elle vivait aux premiers instants où elle se trouvait nue devant moi se demandant si elle me plaisait toujours autant, scrutant mon regard pour voir si je la trouvais toujours jolie, si je la désirais toujours, si je bandais aussi fort. J’en avais gardé un souvenir brûlant qui m’avait hanté bien longtemps après notre séparation. Maintenant que je paye pour baiser des jeune femmes, je maudis le temps qui fait son œuvre sur mon visage, sur me mains et tout mon corps. Aimer une femme beaucoup plus jeune, c’est comme revivre sa jeunesse en trichant. Mais qu’importe le mensonge, la tricherie, on ne vit qu’une fois. Je donnerais bien les dix dernières années de ma vie pour conserver le pouvoir de séduire des jeunes femmes jusqu’à la fin.J’avais rencontré la petite dans une pharmacie de biais avec la station de métro Mont-Royal. Elle se tenait devant un étalage de flacons d’eau de toilette pour hommes. Au moment où je m’étais approché d’elle, poussé par un démon que je connais bien et qui me force vers les plus belles aux formes voluptueuses, celles qui ont un regard doux et aimable, presque fragile. La petite vaporisait l’air d’un nuage parfumé, et, sur le bout des pieds qu’elle avait menus, en allongeant le cou comme une ballerine, du bout du nez, elle humait avec précaution la bruine qui arrivait jusqu’à ses narines dilatées. Ho! Le joli spectacle. La féminité en herbe qui s’exprime naturellement. J’étais sous le charme.Elle avait senti ma présence et s’était retournée vers moi avec un air de culpabilité retenue en faisant la moue de ses lèvres charnues bien colorées, une petite gueule à se faire sucer les babiches. Puis elle me dit : «J’arrive pas à me décider.» Sa voix était douce et ses dents blanches et bien alignées tranchaient sur sa peau un peu méditerranée. Pas olive, pas café au lait. Je ne sais pas. Belle, belle, belle. Il y a de ces Québécoises qui tiennent d’on ne sait qui, qui s’amènent d’on ne sait où et qui sont là, innocentes, pour le plaisir des yeux de ceux qui les croisent. Heureux le promeneur Montréalais.Elle avait du faire l’essai de plusieurs flacons. L’air ambiant était irrespirable. Je lui dis le plus naturellement possible, sans trop insister de mon regard de conquistador qui découvre une proie facile, mais tout de même en lui suggérant finement qu’elle pourrait plaire si je me laissais tenter : « je sens que ce n’est pas la bonne, encore une fois.» Elle se mit à rire en cachant une partie de sa bouche de sa main fluette comme font les courtisanes japonaises.
Ça doit sentir full pas bon hein?
En entendant ces paroles, je me suis dit qu'elle avait reçu une éducation d'école polyvalente. Ella ajouta
J’ai du mal à choisir la bonne senteur.
Je me suis senti encouragé à pousser plus loin la conversation.
Évidement avec tout ce qui nage comme odeurs dans les parages, ça sera de moins en moins facile de trouver.
Vous pourriez peut-être m’aider? C’est pour la fête de papa.
La fête de papa! Elle m'avait dit cela en me regardant droit dans les yeux et en me souriant comme une vendeuse de croissants qui offre ses plus beaux spécimens. La fête de papa! Je lui aurais bien donné un petit coup de toute ma virilité à la santé de son papa, mais l’endroit ne s’y prêtait pas bien.Elle avait employé le vouvoiement pour me poser sa question. « Petite pisseuse.» Ce n’était sans doute pas par politesse. Chez les jeunes d’aujourd’hui, l’emploi du vous n’est guère utilisé. C’était sans doute pour consacrer la différence d’âge qui nous séparait. « Pour l’instant, belle petite pisseuse.» Il fallait qu’elle comprenne rapidement que j’étais toujours un grand chasseur de fesses.- Eh bien, si c’est pour papa, celle-là est très bien!
J’avais pointé mon index vers une boîte verte et dorée en me disant : « Son papa va sentir le vieux fifi avec cette eau de toilette de merde. Vivement que je puisse me fourrer la bestiole dans la fournaise de sa fille.»
Celle-là, je l’ai senti tout à l‘heure!
Pourtant, je m’y connais en eau de toilette pour homme. De plus c’est pour votre papa, ou peut-être pour votre petit ami?
Je n’ai pas de petit ami.
Elle m’avait répondu en rougissant. « Petite menteuse», que je me suis dis. «Attends que je te bouffe la baveuse, tu vas rougir des fesses au chignon.» J’avais utilisé le mot vous en insistant pour lui montrer que moi aussi j’étais poli. Je crois qu’elle avait compris que son petit jeu m’intéressait. Elle me souriait divinement. Je suis convaincu que la plupart des femmes viennent au monde avec le mode d’emploi imprimé sur les fesses. Elles savent jouer de leurs charmes dès leur plus jeune âge et elles apprennent à tricher très tôt, les malhonnêtes. Quelque chose dans son regard me disait que j’avais marqué des points au tableau de la séduction. Et je crois qu’elle avait deviné mon intérêt pour sa jeune personne l’ensorceleuse. Après avoir choisi la boîte que je lui avais indiquée, je l’ai suivi jusqu'à la caisse en admirant le balancement de ses hanches qu’elle forçait un tantinet et qui formaient, tour à tour, de belles rondeurs dodues à la limite de ses reins. Dehors je lui ai offert de la raccompagner. Elle accepta sans la moindre hésitation. Chemin faisant, comme l'heure avançait, je l’ai invité au restaurant.
D’accord, mais il ne faut pas que vous vous imaginiez que je suis une file facile.
Mais pas du tout! Mais comme je suis seul ce soir, ça me fait plaisir de t’inviter.
« Fille facile, ha! Attends, tu n’as rien vu encore.» Je lui aurais bien arraché sa culotte avec mes dents, en grognant, comme un loup, si toutefois elle en portait une, là, tout de suite, dans la voiture, au feu rouge. Mais bon, il valait mieux attendre encore un peu… Je suis très gentil avec les femmes. Pourquoi pas. Il faut savoir ce que l’on veut. On peut tout obtenir quand on a la bonne manière. Mais comme c’est presque différent avec chacune, il faut tenter toutes sortes de choses avant de trouver ce qui la fait craquer. Elle ne doit pas se sentir pute, du moins pas la première fois. Si non on risque de se retrouver la bitte sous le bras, comme le disait Brel. Ce n’est qu’une fois bien installé sur le talus qu’il faut abuser. C’est comme ça. Il est également indispensable d’aller au delà de se attentes. Prendre sans trop attendre et surprendre.
Alors! Où m'amènes-tu manger? J’ai beaucoup faim! Au fait comment tu t’appelles?
À la bonne heure, on en était enfin au tutoiement.
Tu veux connaître mon nom?
Attends, je vais essayer de deviner!
Ah la, la! Ces jeux infantiles auxquels il faut se prêter. Tandis qu’elle me débitait une suite de noms vieillots du temps de Mathusalem, je lui jetais des regards pleins de sourires, je la caressais des yeux, passant de sa bouche à ses seins, ses cuisses. Elle en prenait plaisir la petite sorcière.
Tu n’y arriveras pas si tu persiste à me donner des noms de grand-père.
O.K. Je donne ma langue au chat. C’est quoi?
Je lui ai donné mon nom et tout de suite je suis passé à l’attaque.
Si tu es d’accord, au lieu d’aller au resto, je t’emmène à l’hôtel et on va faire monter du chinois à la chambre. On va être plus confortable.
Comme elle ne répondait pas, tout en me regardant de travers avec un semblant de remontrance, j’ai compris qu’elle acceptait. J’ai tout de suite arrêté la voiture devant le Shangri-la tourist room. Il y avait bien longtemps que je ne m’étais pas trouvé là. « Bien joué l’araignée, tu vas encore te régaler. J’espère qu’elle joue aussi bien aux fesses qu’elle joue de ses yeux cochons.»
Au fait ma belle, comment tu t’appelles?
Pascaline.
Tout en regardant le champ de maïs, au loin, je rêvais à cette première fois où je l’avais prise et reprise avec douceur et tendresse mais sans retenue. Elle avait des fesses rondes et pleines. Le bonheur. Je pensais à la différence d’âge qui nous séparait et je me demandais ce qui pouvait bien attirer une jeune femme de vingt dans les bras d’un homme qui en avait le double. Certaines diraient, surtout les femmes de mon âge : « un vieux cochon qui pourrait être son père.» En général, les épouses acceptent mal d’être remplacées par plus jeunes qu’elles, ne fut-ce même que pour une seule nuit. Comme j’ai toujours eu un tempérament primesautier, très rapidement j'ai eu à subir les foudres de ma légitime, quand il m’arrivait de m’attarder aux caresses amoureuses d’une belle jusqu’aux petites heures du matin et de rentrer au domicile conjugal les traits tirés, mais sans aucun remord. Alors, après quelques incartades nocturnes, un matin, une valise m’attendait devant la porte, pleine de mes vêtements avec un mot m’invitant de retourner là où j’avais passé la nuit. Le Shangry-la tourist room est devenu mon chez-moi pour quelques semaines. La belle Française m'avait gratifié de ses caresses mais avait refusé de me faire une petite réduction sur la note. Pas mal la vioque. Trop de dents pour faire une bonne pipe, mais elle s'était montré une bonne cavalière à califourchon sur ma queue en retenant sa poitrine de ses mains. Tigeddup, ma'tante!
La grange nous couvait. Enfouie sous la paille blonde, Pascaline sommeillait encore comme une souris dans son nid. Ses longs cheveux noirs recouvraient une partie de son visage. Elle avait le cul généreux, les fesses bien rondes, les hanches fortes sans être trop larges, sa toison de jais couvait la braise de lèvres charnues. Le paradis. Oui je sais je me répète un peu mais si vous l'aviez vue... Cette nuit dans le vieux bâtiment avec elle s’était écoulé douce et merveilleuse avec dans l’atmosphère qui s’était créé du fait de notre intimité sans gène, des odeurs de paille humide, de vieux souvenirs d’enfance et de baise. « S’il n’y avait pas de ces occasions de tendresse et d’amour, la vie serait triste et même presque insupportable.»
L’esprit encore dans les rêves, mes yeux furent attirés par un grouillement inattendu dans le champ de maïs. Des mouvements brusques et frénétiques troublaient la tranquillité des lieux. En plissant les paupières pour mieux voir, j’aperçus deux formes humaines, séparées l’une de l’autre de quelques mètres. Ils semblaient se poursuivre, ralenties dans leurs courses par la forêt de maïs. Moins d’une minute après cette découverte, le premier défricheur réussit à se dégager des premiers plants en titubant. À bout de souffle, il trébucha, se reprit en jetant un rapide coup d’œil par-dessus son épaule et repartit haletant en direction de la grange où nous étions. Le second apparut à l’orée du champ à peine quelques secondes derrière celui qu'il poursuivait, une arme de poing à la main. Il s’arrêta, pointa son arme et tira dans la direction du premier qui s’effondra. « Ciboire de marde! Qu’est-ce qu’il fait là le sacrement.» Les coups de feu avaient quelque peu réveillé Pacaline qui grogna. -
C’est quoi?
C’est rien ma chatte, fais dodo.
J’ai froid!
Je vais t'abriller, tiens ma poulette, fais dodo.
J’ai rapidement posé ma couverture de laine sur le corps de Pascaline et je suis revenu tout aussi vite à la lucarne pour voir où en était l’assassin. Il se trouvait auprès de sa victime et jetais instinctivement un regard vers la grange. J’ai enfilé mon pantalon sans mon sous vêtement en faisant le moins de gestes possible. Pascaline s’était plus ou moins rendormie et sifflait légèrement du nez. J’ai replacé la couverture pour recouvrir complètement Pascaline. Je me suis couvert de mon chandail molletonné, à l’envers, l’étiquette par devant. De retour à la vitre, j’ai eu le temps de voir le gredin tirer le corps inerte par les pieds, face contre terre, vers la grange, laissant un sillon derrière lui. « Ayoye! Y va avoir de la grenaille plein le nez. Y sera pas beau à voir. Sa mère le reconnaîtra pas.» Je me suis mis à sourire malgré le stress qui rendait mes muscles tendus. J’ai pris une courte mais profonde inspiration. « Bon on va avoir de la visite, ostie.» Je me suis allongé devant Pascaline à l’arrêt comme un setter irlandais.
La grange avait été construite la double porte, face au soleil levant, s’ouvrant sur un plancher de terre battue et au fond il en restait les signes d’une petite bergerie. Une échelle montait vers ce qui avait dû être un espace pour l’entreposage du fourrage, vu la grande quantité de foin de luzerne qui s’y trouvait encore. C’est là-haut que nous nous étions installés elle et moi.
J’attendais la venue du couple.
Pascaline avait apporté avec elle un sac a dos qu’elle appelait son sac à baise. Deux couvertures de laine, une grande bouteille d’eau et du papier cul, les brosses à dents et un pique-nique composé d’un poulet bbq froid entier, d’un petit pot de confiture de cassis, d’une brique de pain de Savoie et de quelques oranges. Pour ma part j’avais apporté une bouteille de rouge pour mouiller nos agapes de quelques rires d’ivresse et un petit flasque de brandy pour les brosses à dents.Tapi dans la paille, je guettais, par le trou d’un nœud d’une planche, la porte qui allait sans doute s’ouvrir d’un moment à l’autre, l’oreille attentive au souffle de Pascaline. « Si la petite se réveille pendant que l’enfant de chienne fait sa job, on va être dans marde pour vrai.» J’ai soudainement eu l’idée de sauter par la fenêtre et courir jusqu'à à la voiture qui était garé plus bas. J'y avais laissé mon pistolet. Mais je me suis résigné à resté plaqué contre le bois. La manœuvre me semblait trop dangereuse. Premièrement à cause de la hauteur du bâtiment, je risquais de me blesser. Le moment aurait été mal choisi pour me casser une jambe. Deuxièmement, si Pascaline se réveillait, elle se trouverait dans de mauvais draps. Le mieux était de rester là où j’étais et d’attendre la suite des événements. Je sentais battre mon cœur dans tout mon corps et jusque dans mon trou de balle. « Tout passe par le cul, la peur itou.» La porte s’ouvrit poussée par l’inconnu. Il traîna son colis vers le fond de la grange et le laissa tomber sur des bottes de foin défaites juste en dessous de nous. Il m’était impossible de le voir faire. J’écoutais, tendu, prêt à bondir à la moindre alarme, pour sauver ma peau et celle de ma petite souris. Au bruit qu’il faisait, j’ai supposai qu’il devait fouiller les poches de sa victime. Il s’écoula une éternité avant que le furet s’en retourne par où il était venu. L’homme de taille moyenne avait des souillures de glaise à ses bottillons à talons. « Encore un ti-cul qui rêve d’être grand.» Avant de sortir par la porte il se retourna une dernière fois vers le mort en soupesant un sac transparent deux fois grand comme la main rempli d’une substance blanche qu’il glissa dans la poche de sa veste en cuir noir. « Règlement de compte et coke.»Avant de fermer la porte, il leva la tête dans la lumière huma l’air de l’extérieur avec un sourire satisfait et il cracha en direction de son infortuné compagnon avant de reprendre la clef des champs,Il avait une vraie tête de mafioso. Des petits yeux méchants, les cheveux corbeau, le sourcil épais qui ne formait qu’une ligne au dessus de ses yeux. Une cicatrice lui descendait en diagonale de l’oreille à la naissance du nez comme si son oreille était reliée à son trou de nez par une ficelle. Probablement un Latino. « Rien à voir avec Valentino.» Quand je me suis remis prudemment à la fenêtre, je l’ai vu reprendre le sentier lumineux des épis. La voiture du bout du champ était sans doute la sienne. « vas-t’en maudit corbeau à marde.» Je me suis repris en inspirant longuement. La brume s’était dissipée. Le calme était revenu. Je me suis allongé tout contre son corps chaud en la prenant par la taille. J’ai enfoui mon museau dans ses cheveux pour sentir son odeur et j’ai lentement avancé ma main de son ventre à sa poitrine que j’ai tripotée amoureusement. Pascaline s’éveillait. Elle émergeait de sa cachette, sortait de dessous le foin, baillant et m’appelant de sa petite voix endormie.
Qui est là? Dit-elle en s’étirant.
C’est moi! Le gros méchant loup.
Quel temps y fait mon gros loup?
Un petit temps de cul ma belle.
Ca tombe bien j’ai envie de rester couchée. Mais veux-tu bien me dire c'que tu faisais à bardasser depuis tout à l’heure. Un peu plus et je te foutais une calotte.
J’observais un petit rat
Un rat, dit-elle dégoûtée.
T’en fais pas, y est parti. Un petit rat noir pas beau.
Les cheveux embroussaillés, nue sous la couverture de laine. Elle m’observait du coin de l'oeil. Par un subtil mouvement de sa jambe elle me dévoila son corps tout entier et satisfaite de l’effet produit, elle ajouta :
Viens vite te chauffer vieux macho, j’ai froid.
Oup-poup-poup-poup… Macho si ça te fait plaisir mais vieux, pas question. Je vais te montrer de quel bois dur je peux te chauffer les fesses ma petite poulette.
Allé! Viens me faire du bien
J’ai retiré mes vêtements et je me suis recollé contre le corps moelleux de Pascaline. Je pensais au blondinet qui refroidissait en bas. ''C’est pas l’ambiance qui manque.'' Mais la bonne odeur du corps de la biche qui miaulait déjà eut tôt fait de balancer à plus tard ces pensées macabres, le temps d’une partie de ça-va-ça-vient. « Diable que la chair est faible. Dieu merci.»
Après l’amour, la faim se fit sentir.
Gros loup! Prépare la bouffe pendant que je me lave les fesses. J’en ai partout.
C’est pas de ma faute.
Bien non, ça doit être la faute du gars d’en bas.
Je me suis retourné vers elle la bouche ouverte. Je devais la regarder avec un air surpris.
Ben quoi?
Le gars d’en bas?
C’est une blague! Ouaigne! T'es pas vite mon'oncle!
Ha bon, le gars d’en bas. C’est une blague...
Ben oui! C’est quoi ton problème?
Non, rien. Excuse moi, J’étais pas là.
Ouaigne! T’es pas vite à matin. Ça t’as-tu vidé le cerveau?
Pascaline s’était mise à rire de bon cœur en se levant avec sa bouteille d’eau et le papier cul.
Je vais aller en bas pour me laver.
Pourquoi en bas?
Je veux pas que tu me regardes.
Mais j’ te regarderai pas… de toute façon je les ai déjà vu tes fesses.
Ça fait rien. Ça me gêne. J'te r'garde-tu quand tu vas chier toé?
Ben non! Pas besoin de descendre. Va derrière le tas de foin en arrière. j'regarderai pas.
Promis!
Promis.
Promis- promis
Juré, craché, salé.
Pascaline attendait.
Quoi!
Awaye! Crache.
J’ai craché un bon coup en direction de la porte et je suis resté là pendant que Pascaline faisait ses ablutions. « Ouf! que d’émotions!»
Quand tout fut consommé, confiture tartinée, poulet avalé, il ne manquait plus qu’un bon café à notre bonheur. Nous sommes descendus, moi le premier afin de me rendre compte si l’infortuné macchabée était complètement recouvert de paille. « C’est ça! Fais ton gros dodo ti-pit. On va s’occuper de toi plus tard.»
La belle était debout en haut de l’échelle.
Qu’est-ce tu fais? Me dit elle impatiente.
J’attends que tu descendes.
Pis les paquets eux autres?
Je sentais qu’elle était de mauvaise humeur. Je ne m’occupais plus d’elle. J’ai senti qu’il allait pleuvoir une tonne de reproches.
Excuse-moi ma poulette, j’étais absorbé.
C’est ça, monsieur a eu son bonbon, ça fait que, moi j’existe plus.
Ben non c’est pas ça ma belle.
Elle laissa tomber ses choses à côté de moi. « Maudit! Elle encore plus belle quand elle est fâchée.»
Allé! Descend, j’ai une surprise pour toi.
Elle descendait l’échelle à reculons. Son jean moulait ses cuisses, ses fesses. Avant la dernière marche, je l’ai prise par la taille pour l’aider à poser le pied par terre. « Tu fais bien d’en profiter mon cochon, il se pourrait que ça ne dure pas l’éternité.» Elle s’est retournée vers moi. Elle faisait une moue de jeune fille capricieuse.
Quoi bébé?
Ben...c’est quoi ta surprise?
Pendant que tu faisais la babounne, je me disais que ça serait peut-être agréable de s’arrêter dans un beau motel pour prendre une douche et de réserver deux places au petit restaurant pour souper. Tu sais le petit restaurant du village. Ça à l’air d’être une belle place.
Elle ne disait rien l’air déçu.
C’est ça ta surprise!
T’aimes pas ça? On peut faire autre chose si tu veux.
C’est pas ça! J’ai promis à ma mère que je serais là pour souper.
Ha!
J'm'excuse?
C’est pas grave, ma beauté, une autre fois.
Je lui ai passé la main dans les cheveux pour lui enlever quelques brindilles. Elle s’et collée contre moi et nous sommes restés ainsi quelques secondes délicieuses. En m’éloignant je lui ai donné un baiser sur le front.
OK! On va y aller. Je sens que j’ai besoin d’un bon café.
Moi aussi. Maudite marde.
Nous nous sommes dirigés vers la lumière de la porte entrebâillée, abandonnant les deux amas de paille. Le nôtre tout chaud, tout bon et le-sien qui ne tarderait pas à sentir la charogne. « Chacun son destin.» Celui du blondinet avait été de venir crever dans la mouise d’une campagne perdue des Cantons de l’est. « c’est ça qui arrive quand on fricote avec des bandits. Petit con.» Mon destin à moi était de prendre plaisir du corps d’une jolie femme qui aurait facilement pu me rendre complètement dingue, si elle avait été un tant soit peu plus capricieuse. « Il suffirait de presque rien… peut-être une année au plus pour que ça arrive.»
J’avais garé la voiture sous un arbre, à quelques pas du chemin de terre qui allait de la grange au chemin du rang. La propriété du rang des Vandetti avait appartenu au grand-père de Pascaline, un vieil anarchiste Italien, Gianfranco Vandetti, qui avait fui l’Italie pour venir se faire oublier en Amérique, et il avait accosté au Québec. Il avait épousé une fille du lac Saint-Jean qu’il avait rencontré à Québec alors qu’il était violoniste au Château Frontenac. Après quelques années passées à Montréal où le macaroni avait fait fortune dans je ne sais quelle gamique de fromage, il était venu s’installer avec sa famille sur cette terre. Suite au décès de sa femme morte d’un cancer des poumons, le vieux bandit avait perdu la raison ou l’envie de vivre, croyant que le cancer de sa femme avait été causé par la fumée des cigares de merde italiens qu’il avait sucés presque toute sa vie. Un matin il s’était couché dans son lit après avoir mis le feu à la maison et s’était tiré une balle dans la tête. Le vieux pépé… roni avait cuit jusqu’à l’os. La terre et la grange étaient les seuls biens matériels qui restaient de son aventure de ce côté-ci de l’Atlantique. Le père de Pascaline, l’unique enfant du malheureux couple, en avait hérité et louait la portion de terre cultivable à un fermier du coin. Elle aimait y venir de temps en temps, genre de pèlerinage, retour vers les souvenirs d’une époque où ses parents n’étaient pas encore séparés.
Pascaline avançait à grands pas dans le sentier de mauvaises herbes. Il pleuviottait encore. Arrivés à la voiture, j’ai fait monter Pascaline et j’ai prétexté une dernière vérification des portes de la grange pour retourner seul sur les lieux de la sépulture, histoire de fouiller le moribond et lui zyueter la gueule de plus près. Déformation professionnelle.
Écoute bébé, Je pense que j’ai oublié de fermer les portes. Faudrait pas que le vent s’empoigne dedans. Attends-moi, je reviens tout de suite.
O.K.! Mais si tu traînes, je pars sans toi.
Elle s’était mise à rire. Je suis retourné à la grange en courant. J’ai tiré la porte et je me suis dirigé vers l’infortuné sous paille. Il était déjà tiède. Une balle dans la tête l’autre dans la nuque. Le corbeau n’avait pas manqué sa cible. « Bon tireur, le pourri.» Il s’était contenté de s’emparer de son précieux paquet sans prendre la peine de dépouiller sa victime de ses papiers. En plus de son portefeuille qui contenait des billets de banque américains et des pièces d’identité française, le mort avait dans la poche intérieure de sa veste en toile, une photo sur laquelle on pouvait reconnaître le brun enlaçant le blond devant une plantation de coca. «Hum! Meurtre, coke et lambada.»Une adresse était inscrite à l’endos de la photo, 27 rue des érables, Ile-Bizard, 1990. J’ai fourré la photo dans ma poche mais j’ai laissé là les autres papiers et son porte feuille en prenant soin de conserver les billets. « Ça ne risque plus de lui servir. De toute manière il n’y en a pas assez pour acheter son ciel du Vatican, l’enculé.» J’ai abandonné le moribond sur sa paillasse. J’ai refermé soigneusement les deux portes et je suis retourné à la voiture. Il pleuvait maintenant très sérieusement. « Un vrai temps d’enterrement.» En ouvrant la portière j’ai été assailli par une musique des Beatles : Good day sushine.
Si tout va bien tu seras chez ta mère vers les deux heures.
On n’est pas vraiment pressés my love.
Il n’y a certainement pas beaucoup de circulation, mais la pluie va nous ralentir.
Pourvu que j’arrive pour souper.
Un petit souper tranquille.
Non malheureusement. Son chum, le docteur la plotte, va être là.
Ha! Ha!Ha! Docteur la plotte?
Ouan! Son chum est spécialiste de la nounne.
Ha! Je vois. Un Gynécologue.
Fait chier. Y connaît tout, l'ostie. En plus y me regarde avec des yeux cochons, le vieux pet. Pas capable.
Huhun!
Ma mère me dit qu’il est gentil avec elle.
Hmmm!
Quoi?
Ben rien…
Ben oui! Y'a du cash. Ma mère aime les belles choses comme a dit. Kessé tu veux que j'te dise? Est faite de même.
J’ai rien dit!
Ouan! Mais j’ai tout compris.
Écoute! Ça me regarde pas. Ta mère fait ce qu’elle fait, on s’en fout de toute façon.
Ouan, mais moi ça m’écœure.
Pascaline était d’humeur changeante. Elle passait rapidement de la gentillesse à la colère et la méchanceté sans raison apparente. Pas toujours facile à suivre. J’étais souvent un peu décontenancé en subissant ses petites sautes d’humeur, moi qui étais toujours heureux de l’avoir auprès de moi. Je n’ai jamais pu savoir ce qui pouvait produire ces variations de tempérament. Il arrivait quelques fois que des larmes coulent de ses yeux, comme ça sans raison apparente. Quand je lui demandais pourquoi elle pleurait, elle me répondait : « Je sais pas.» Un jardin secret, très secret.La musique s’était installée dans le silence relatif de la route. La pluie tombait comme des cordes, des cordelettes. Les essuies glaces battaient la cadence comme un pendule d’hypnotiseur. Nous étions dans notre vaisseau, hors du temps, hypnotisés, comme dans un film de twilight zone. Allait-elle se transformer en monstre et me massacrer de ses griffes et de ses crocs. Je me suis retourné vers Pascaline qui avait fait basculer son dossier pour mieux s’allonger, les yeux fermés. Dans quels éthers voyageait-elle. J’étais tellement amoureux d’elle. Elle m’habitait. Dans un couple d’amoureux, il y en a toujours un qui aime plus que l’autre. S’il n’en était pas ainsi, la relation serait insoutenable, il me semble. J’avais l’impression d’être celui-là. Celui qui aimait le plus. Mais je n’en suis pas certain. Je me répétais souvent : « il ne faut pas que je m’accroche à cet amour.» Mais c’était plus fort que moi. J’étais en flamme intérieurement, mais faisant en sorte que ça ne se voit pas.
J’aime la pluie, me dit-elle. J’aime la musique de la pluie qui rencontre un obstacle.
J’avais eu l’impression d’entendre quelqu’un d’autre. Ça lui arrivait quelques fois de s’exprimer différemment, avec plus de profondeur. Elle n’était plus la jeune femme capricieuse.-
Je me souviens, poursuit-elle de sa voix très douce, j'devais avoir dix-sept ans, j’étais allé rendre visite à une amie qui était en vacance au chalet de ses parents. C’était l’été. Ma copine m’avait invité à cueillir des petites fraises sauvages dans un champ pas loin de la maison. Soudainement la pluie nous avait surprises et en moins d’une minute nous étions trempés jusqu’à la culotte.
J’écoutais Pascaline en me concentrant sur la route. J’avais considérablement ralenti à cause de la pluie qui ne cessait de tomber drue.
Je me rappelle que j’avais enlevé mes « running» pour mieux courir jusqu’à la maison. Mais elle m’avait arrêté par le bras en me disant : « si tu veux pas attraper froid il faut que tu te déshabilles. » Elle s’était allongée nue dans l’herbe en ajoutant : «Fais comme moi, tu vas voir, c’est super tripant.» Elle était mince avec les seins qui tombaient un peu sur les côtés et les bouts pointus. Je me suis mise toute nue à côté d’elle. La pluie tombait sur mon corps comme une armée de petites pointes. Je goûtais ce nouveau plaisir avec beaucoup d’excitation. Je riais aux éclats à cause des chatouilles. La pluie avait cessé et Bérénice avait mis sa main sur mon ventre pour chasser l’eau qui était sur mon ventre. Elle me dit : «Tu as de l’eau plein le nombril.» Je me rappelle que je l’avais regardé en souriant. Puis sans gêne elle avait descendu sa main jusqu’a mon sexe. Machinalement, j’avais entrouvert mes jambes. J’avais envie qu’elle me caresse à l’intérieur. J’ai eu mon premier orgasme.
Son récit m’avait mis dans un état d’excitation intense. Je me voyais assistant aux ébats des deux jeunes filles et me joignant à elles. Comme la pluie avait soudainement redoublé d’ardeur, il devenait difficile de poursuivre la route. J’ai immobilisé la voiture sous un viaduc et j’ai fermé la radio pour écouter la pluie. Pascaline était à ses rêves. Je me suis penché sur elle pour l’embrasser. J’ai fait glisser ma main jusqu'à la fermeture de son jean que j’ai déboutonné. J’ai poursuivi jusqu'à son sexe qui mouillait. Elle leva les yeux vers moi et soudainement en se précipitant pour enlever ses vêtements, elle me dit : ''Le dernier tout nu c’est un ti-coune.''J’ai été surpris par la rapidité avec laquelle elle s’était déshabillée avant même que j’ai pu comprendre ce qui se produisait. Nue comme un ver elle fit basculer le dossier de ma banquette et s’installa sur moi en m’offrant ses seins
Suce-moi, gros loup, suce-moi.
Instinctivement, en lui suçant les seins tour à tour, mes mains s’étaient mises à l'oeuvre en fouillant sa chatte ruisselante. Puis sans crier gare, elle exerça un tête à queue et en s’agrippant au volant, elle me donna son cul en pâture.
Minette, minette, minette, minette. Fais-moi minette, minou.
Elle était déchaînée. Elle se cabrait les reins. J’avais tout son derrière dans la face et je lui enfonçais la langue aussi profondément que je le pouvais dans sa petite caverne en m’agrippant à ses fesses. Elle grognait de plaisir comme un petit animal et quand elle fut fin prête à jouir elle poussa un cri long et plaintif en faisant bouger, de haut en bas, son fessier sur toute la surface de mon facies.Après cet intermède passionné, la petite chatte rhabillée, elle me regarda en me disant.
Ouaip! J’ai comme un petit creux.
Moi aussi ma minette, minette, minette. Ha! Ha! Ha! On pourrait faire une petite halte dans un restoroute.
Ouaip!
Je pense que je pourrais en profiter pour me démaquiller.
Ben oui! J’te regarde là. C’est quoi que t’as dans face? Ha! Ha! Ha! Ha!
C’est ça , lâche-toé lousse.
C’était bon.
Elle m’avait dit ces derniers mots en me regardant avec reconnaissance.
Le restaurant était vide. Je suis passé au lavabo pour me rafraîchir le masque, pendant que Pascaline était allée s’asseoir à une table. Quand je suis arrivé près d'elle, Pascaline me dit :
La serveuse à pas l’air pressée.
Elle m’attendait.
Ha ouin! Tu penses qu'elle aime les mon'oncles, la ma'tante?
Tiens la v’la.
La serveuse se planta devant nous et elle débita son refrain.
Bon aujourd’hui y’a pas de plat du jour, juste une soupe du jour.
C’est quoi la soupe du jour.
C’est la même tous les jours.
Ha Oui?
Ben, la soupe aux pois. Vous êtes jamais venu icite, vous autres?
Non madame, c’est notre première visite.
Pascaline commençait à s’énerver.
Bon! Moé j’va prende un club sandwich avec un coke fret. Pi toé mon'oncle kessé tu prends?
J’ai regardé Pascaline en souriant. Elle se moquait de la serveuse qui commençait à s’en apercevoir.
C’est tranquille ce midi madame.
Hum! C’est tranquille de même toués lundis.
Ha bon. Moi je vais prendre la soupe et un sandwich bacon, laitue, tomates.
Queque chose à boire?
Un café s’il vous plaît.
Ouan! Moi aussi un café.
Un café et pi un coke?
Pascaline lui fit signe que oui. Nous avons souris en nous regardant comme la serveuse nous tournait le dos.
A vrai dire j’ai pas une grosse faim.
Ha non! J'peux t’aider si tu veux?
Surpris par ce qu’elle venait de dire mais surtout par l’intonation de sa voix et le regard qu’elle me jetait, je me demandais à quoi elle voulait en venir. Je la regardais le regard inquisiteur.
Un peu d’exercice, peut-être?
Quel genre d’exercice?
Je commençais à comprendre à quoi elle voulait en venir.
Le genre que t’aimes.
On va quand même pas faire l’amour sur la table en attendant la soupe.
Non pas sur la table.
Elle se leva lentement en bombant le torse et fit quelque pas en direction des toilettes. Elle s’arrêta et se retourna vers moi.
Auriez-vous peur d’une pauvre petite fille sans défenses, monsieur pissou?
Pascaline était déterminée. Elle reprit le chemin des toilettes en jouant du popotin. « Ce que femme veux, Dieu le veut itou.» Quand elle fut devant la porte, avant d’entrer, elle souleva son pull-over pour me montrer ses seins. Elle me fit également un signe de la langue et elle poussa la porte de la toilette des femmes. J’étais mordu. J’ai senti une agréable sensation envahir ma queue et engourdir le bout de petits picotements. Le venin de la petite vipère faisait son œuvre. Ce n’était pas encore une érection mais ça en prenait le chemin, tous les espoirs étaient permis. Quand elle avait descendu son pull-over ses yeux m’avaient dit : « Ne me laisse pas tomber, dis-moi que je t’ai séduit.» De toute manière j’étais foutu, pris au piège. Il ne me restait plus qu’a la suivre. Je ne voulais surtout pas ignorer son invitation, elle aurait pu me le faire payer par une grève de ses fesses, sans dire qu’elle m’aurait sans doute boudé pour un bon bout de temps.J’ai hésité quelques secondes devant la porte, j’ai pris une bonne inspiration et j’ai poussé en ne sachant pas trop à quo m’attendre. Doux jésus! Pascaline était complètement nue, les reins posés sur le lavabo, la tête renversée en arrière appuyée sur le miroir. Elle était magnifique dans la lumière défaillante des chiottes.
Qui est là? C'es-tu le gros méchant loup? Me dit-elle en appuyant sur le ououououou.
J’en avais le souffle coupé. Je me suis jeté sur elle comme un fauve sur une gazelle en oubliant de verrouiller la porte. Elle m’enlaça de ses bras autour de mon cou et de ses jambes autour de ma taille. J’étais à la limite du supportable. Sa peau brûlante avait la douceur de la pêche. Mes testicules me faisaient mal tellement elles en voulaient. J’ai pris sa tête dans mes mains et je l’ai embrassée longuement tandis qu’elle défaisait la ceinture de mon pantalon. Pendant que je retirais mon chandail, elle baissa mon pantalon et mon sous vêtement. Elle agrippa mon sexe et l’engouffra dans sa bouche.
J’en veux, donne moi tout, tout!
Elle s’est retournée pour m’offrir sa croupe, en me regardant pas le miroir. Sur la pointe des pieds elle allongea sa boîte à malice, les reins cambrés en me disant :
Ça va, ça vient, ça va, ça vient.
Hoo!
Je lui ai planté mon sexe dans sa fournaise juteuse. Chaque secousse que je lui infligeais lui faisait pousser de petits cris de plaisir. Elle avait fermé les yeux. Ses seins suivaient la cadence dans le miroir dans un balancement enivrant. Ses hanches tendues, ses épaules hérissées, sa chevelure noire défaite, tout contribuait à me rendre à son plaisir et au mien qui était imminent.
Je vais mourir, lui dis-je en écartant ses fesses.
Non! Tu mourras plus tard, Ça va, ca vient.
J’aurais voulu faire durer cette cavalcade encore un peu tellement le plaisir était intense. Je possédais cette femme qui en demandait encore, ma tête était pleine du plaisir que je prenais, mais je n’en pouvais plus de me retenir. De plus je sentais que mes jambes allaient m’abandonner. Pascaline allait atteindre le nirvana. Elle suait, soufflait, était rendue. Alors dans une libération salvatrice je lui ai envoyé tout mon amour au moment même où la serveuse ouvrait la porte qui butat sur mes talons. Elle jeta un coup d’œil par la porte entrebâillée.
Votre soupe va être froide, monsieur.
Pascaline qui gémissait, des oui-ouis, lui adressa une plainte bien sentie.
Va te faire enculer, vieux débris.
Heureusement, la porte était déjà fermée et la serveuse repartie. Personnellement, j’étais trop essoufflé pour me plaindre de quoi que ce soit. Pascaline s’est assise sur le bol des chiottes pour expulser ma jouissance et reprendre son souffle. J’avais du mal à remonter mon pantalon. Je crois que je n’ai jamais eu autant de plaisir de toute ma vie.
Je suis revenu à la table comme si de rien n’était. J’ai demandé à la serveuse de mettre les sandwiches dans un sac avec les breuvages. J’ai réglé l’addition à la caisse comme Pascaline sortait de la toilette fraîche et détendue. Je lui ai fait signe et nous sommes sortis en riant aux éclats comme des gamins effrontés. Je ne me suis pas retourné pour ne pas voir la gueule de la serveuse. Mais Pascaline lui lança une petite phrase effrontée en traversant les portes du restoroute.
Ouan! C’est tranquille comme ça tous les lundis.
Je riais tellement que j’en avais les larmes aux yeux et du mal à mettre un pied devant l’autre. Nous avons regagné l’auto, soutenus par la gaieté de Pascaline.
Il était cinq heures passées quand la voiture a traversé le pont Champlain. La pluie avait fait place à un soleil dans son pyjama de nuage au couchant, changeant de couleur du jaune au rouge orangé. Pascaline s’était endormie et refaisait surface. Je revenais sur terre comme un parachutiste dont la toile s’ouvre soudainement mettant fin à sa chute libre. La raison reprenait ses quartiers et je réintégrais ma peau d’agent spécial. Sur le terrain, je traque les marchands de stupéfiants, surtout la filière black. Montréal qui est sans doute la moins belle des villes les plus agréables d’Amérique. Moins belle surtout à cause de son architecture désordonnée, disons le comme ça. Montréal qui est également une plaque tournante de tous les crimes modernes au Canada et probablement en Amérique du nord.
Pascaline me regarda de ses yeux noirs en s’étirant.
J’ai encore la tête dans l’cul.
Ça fait changement.
Comment ça?
Habituellement c’est la mienne qui y est là.
Hfump!
Mais bon si ça te fais mal, tu peux toujours demander au docteur La Plotte de t’examiner.
Poua! Y serait bien trop content, l’ostie.
Nous étions arrivés. J’ai stationné la voiture et j’ai éteint le moteur. Elle me regarda avec un sourire forcé en penchant la tète.
Hé voilà! Demain je reprends mes cours à l'UQAM.
Moi je reprends mon travail d’agent immobilier.
On va se voir un peu moins, mon poulet.
Plus intensément peut-être.
J’y vai
J’attends ton appel. Je te dois un petit souper
Ouan! C’est vrai ça. J'espère que c'est moi qui choisit le resto?
Salut beauté. Embrasse ta mère pour moi.
Hé! Hé! Hé! Hé! Ça va lui faire plaisir de savoir que tu penses à elle.
J’espère que le docteur ne sera pas jaloux
Qui mange d’la marde.
Elle me fit une petite bise mais je la retins avec ma main derrière sa tête pour prolonger le plaisir. Elle est sortie en souriant. Je l’ai regardé s’éloigner un petit moment et je suis reparti dans une autre direction.J’ai stationné la voiture dans le garage du sous sol et je suis monté à mon appartement qui domine la ville et le fleuve. Je me suis versé une bonne rasade de rhum de la Martinique dans un fond de jus de limette pressée et de sucre de canne. Un ti-punch comme disent les Antillais. J’étais debout devant la grande fenêtre du salon, je regardais au loin la noirceur qui enveloppait la ville du côté du soleil levant, vers l’Orient, la Chine et sa multitude de travailleurs, occupés à inonder le monde de ses produits de merde. La Chine qui depuis des années infiltre les industries du monde capitaliste de petits travailleurs espions. Le bien et le mal n’existent pas au pays de Confucius, de Mao et de la grande muraille. Il n’y a que les désirs. La Chine c’est le pays du désir. Tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins. Aux États-Unis également mais c’est beaucoup plus hypocrite. Le président se réclame de Dieu pour convaincre ses concitoyens, tandis que le secrétaire général du parti communiste n’hésite pas à éliminer tous ses concitoyens qui s’opposent au parti. Disons que c’est une autre mentalité. J’ai pris une douche et je suis descendu au bar du rez-de-chaussée. Je me suis assis au bar du bar. J’étais le seul client. La barmaid, une grande rousse très athlétique, les cheveux courts, la lèvre lippue, souriante, une lumière dans le regard, comme si elle vivait sa dernière réincarnation. Une androgyne très sexy avec laquelle j’avais échangé un peu d’affection durant un certain temps,
Bonsoir, monsieur, qu’est-ce que je vous sers?
Je vous ai pas déjà vu quelque part? Ça serait pas en vacances dans un club med. Rio? Djerba
Elle me servit un verre de Chardonay.
Oh! Non Monsieur je ne traîne pas mes angoisses dans ces lieux de perdition.
Après avoir déposé le verre de vin devant moi elle se pencha vers moi pour me faire a bise
Toujours aussi belle, mon amour!
Tu me dis ça tous les jours
C’est parce que c’est vrai tous les jours.
Hu-hum! Si je ne te connaissais pas, peut-être que je me laisserais prendre à tes caresses verbales
Et je te prendrais avec plaisir…
Elle me lança un coup d’œil rapide par-dessus son épaule tout en rangeant quelques bouteilles. J’avais le sentiment qu’elle se rappelait nos ébats avec plaisir. Mais voilà, elle désirait avoir un enfant. Disons que je ne l’ai pas suffisamment encouragé dans ce sens. On s’est quitté à regret sans jamais revenir ensemble. J’avais bien tenter de l’en convaincre, mais peine perdue : « Quand c’est fini, c’est fini .» m’avait-elle dit la gorge serrée par l’émotion.
Écoute bébé, Tu laisses tout tomber et je t’emmène dans mon paradis.
Laisse faire! Je le connais ton paradis. J’ai pas envie de me transformer en femme de ménage pendant que tu coures la galipote.
Ho!Je ne t‘ai jamais triché.
C’est vrai, pas souvent.
De toute manière, je ne suis pas libre.
Elle m’avait dit cela en faisant un large sourire à quelqu’un qui était derrière moi.
Toujours en chasse, mon vieux?
Je me suis retourné pour reconnaître l’amant de Véro. Un jeune chevelu aux yeux bleus avec dans le regard un air de toujours tout savoir avec assurance. » p’tit criss.»
Tiens! Quand on parle du louveteau, on en voit la queue-quette…
Vous allez pas recommencer tous les deux.
Pas aujourd’hui, ayons pitié de lui.
Véro terminait son quart de travail et était remplacé par un nouveau sans intérêt. On se demande pourquoi il y a des hommes derrière les bars, il y en a bien assez devant. Les tourtereaux ont quitté le café bras dessus bras dessous. Je me suis retrouvé seul au bar du bar avec le nouveau qui s’occupait de ses bouteilles, ses citrons, ses quartiers d’oranges, ses cerises au marasquin. « on vit vraiment de peu de choses.»